Apres quelques jours au Cap Vert a Bõa Vista puis Mindelo, nous avons pris le large.
En effet, Jean-Claude, 64 ans, nous a offert une place à bord de son Oceanis 46. Un très beau bateau, confortable et sécurisant.
Nous avons ainsi embarqué et rejoint son équipage composé de Gérard, 76 ans. Tous deux viennent de l’île de Ré et sont passionnés de voile. Jean-Claude a déjà pris part à une traversée de l’Atlantique il y a 10 ans de cela, mais rêvait de recommencer l’opération avec son propre bateau.
Voilà qui est chose faite! Quel magnifique voyage…
Tout d’abord, il a fallu entreprendre consciencieusement les préparatifs de la Transat; faire tamponner nos passeports, faire le plein d’eau potable, d’essence, de boîtes de conserve, pâtes, lentilles, fruits et légumes… le tout pour un voyage qui peut durer de 10 jours à 20, 25 jours! Il faut prévoir large. Finalement, la traversée aura duré 16 jours et demi.
Une fois ceci fait, nous sommes partis sans plus tarder! Petite émotion lorsque nous avons vu la terre s’éloigner, doucement, jusqu’à ce que nous ne la distinguions plus. C’est parti!
Nous avons beaucoup appris pendant ce voyage.
Déjà, la vie en communauté dans un espace très réduit avec deux personnes qui nous sont totalement inconnues! Tout le monde y mettant du sien, cela s’est très bien déroulé et nous avons passé de bons moments ensemble. Nous avons tant à apprendre des rencontres que nous faisons!
La vie en bateau est calme, lente. Nous vivons au rythme de la nature et des éléments. La première semaine fut spécialement lente car il y avait « pétole », très peu de vent, ce qui rend fou les marins! Loin d’être dérangés, nous savourions chaque instant. La mer est belle! Chaque matin elle semble être différente de la veille, d’un bleu plus ou moins foncé, plate ou agitée, chaleureuse ou effrayante (on a eu des vagues de plus de 4 mètres de haut!).
Comme nous l’avons expliqué dans l’article précédent, la nuit se compose de quarts, afin que l’un de nous soit constamment en veille. C’est un moment privilégié de silence et réflexion. Au début de la navigation, les nuits étaient sombres et presque angoissantes… on ne distinguait pas le ciel de la mer! Ombline avait le premier quart, après le diner jusqu’à minuit. C’était le moment favori des orages! 6 nuits d’affilée, les 3 compères sont partis se coucher la laissant aux aguets. Soudainement, l’air devient froid… le vent se lève fort (jusqu’à 18 noeuds) et sans crier gare, une pluie diluvienne s’abat sur la pauvre Bib qui guette vaillamment une potentielle lumière au loin! Bon, elle avait le droit de rentrer se mettre à l’abri, j’exagère pour faire plus romanesque. Mais c’est vrai que c’est impressionnant.
Puis cette routine à cessé pour laisser place à de belles nuits, éclairées par la lune. Le ciel étoilé est hypnotisant. Quelle beauté, la nature est vraiment impressionnante. Quand on se retrouve là, seul au monde dans cette coquille de noix, le vent nous chantant des petits airs dans nos oreilles, on se sent si libre!
Puis le suivant vient prendre la relève, les yeux tout ensommeillés. Hop, c’est le moment de se glisser au lit! De se glisser au lit… et surtout de glisser de son lit. Le bateau bouge beaucoup, et on se retrouve envoyés d’un côté et de l’autre de sa couchette sans délicatesse! Il faut planter ses ongles dans le matelas et s’accrocher bien fort. On fini par s’endormir!
Le matin, nous nous réveillons et petit déjeunons en s’accrochant à notre café – on prend vite le coup de main après un ou deux réveils brutaux! Et la nouvelle journée commence avec son lot de surprise. Des que nous apercevions un aileron au loin, Ombline galopait à la proue du bateau pour admirer les dauphins de plus près. Et quel spectacle! Nous en avons vu presque tous les jours, jouant avec le bateau, faisant des bonds et nous regardant de leurs petits yeux malicieux. Grâce et volupté! Le bonheur est simple, en mer.
Surtout celui de Simon d’ailleurs! Il s’est découvert un talent de pêcheur sans pareil. Nous avons pêché deux petites dorades d’une belle couleur (bleues dans l’eau puis dorées, et enfin noires quand elles s’éteignent). On s’est régalés! Mais ça ne s’arrête pas là… un beau jour le fil s’est tendu et est apparu un monstrueux barracuda de 1 mètre de long, pesant 10 kg et tous crocs dehors. Terrifiant!
Le lendemain, Simon a hissé de l’eau une dorade géante; 1 mètre et 7 kg! Il était fier comme pas possible! Il l’a découpée en filets et ni une ni deux on s’est mis en cuisine.
Avec tant de poisson en stock il fallait faire preuve d’imagination pour que les repas paraissent variés! Cuits dans du citron, ou au four avec du pesto, façon sardines… toutes les combines étaient bonnes. La cuisine était sportive là encore, car les plats rêvent de liberté et font tout pour s’échapper, profitant des vagues pour nous filer des mains et se renverser tranquillement un peu plus loin.
Vient ensuite le moment de déguster, chacun s’accroche à son bol (sauf Simon, qui préfère se le prendre sur son tshirt) et se régale. On prend vite les réflexes de survie: on s’accroche à tout. Aux meubles, aux portes, à nos couverts… j’espère que cela se perd rapidement une fois à terre!
Puis nous faisons la vaisselle à l’eau de mer, suivi d’un petit rinçage à l’eau douce. Tout est bon pour économiser l’eau potable!
De temps à autres, le vent tourne, monte ou fait des siennes. Il faut alors faire quelques petites manœuvres. Le capitaine nous indique ce qu’il faut faire et tout le monde met la main à la pâte. C’est en quelques sortes le moment d’exercice de l’équipage! Ca dérouille! Nous sommes heureux d’en apprendre plus sur le fonctionnement d’un voilier, le réglage des voiles… c’est tout un art.
Nos moments privilégiés étaient ceux passés sur le pont. Devant nous, la mer. Infinie et insondable. Simon jouait de l’harmonica (comme un chef, je précise pour les moqueurs) pendant qu’Ombline pratiquait la méditation. Le temps s’égrène lentement, la beauté saisit. Cela nourrit nos réflexions. Nous avons eu beaucoup de temps pour réfléchir au sens que nous voulons donner à notre vie, aux valeurs qui nous tiennent à coeur, a l’éthique de vie qui nous inspire, à nous deux, et j’en passe. Comme une petite retraite en somme!
Parfois, il y a des petites casses, un bout qui lâche ou une poulie qui craque. Jean-Claude était impressionnant de sang froid et débrouillardise. Il bricole comme un chef, et bientôt tout était comme neuf.
Le soir, il nous est arrivé, par temps très calme et très clair, de nous prendre un petit apéro. Moment convivial et hors du temps, où l’on oublierait presque que nous sommes sur un bateau, au milieu de l’Atlantique!
Puis nous dînions, nous observions le coucher du soleil en silence, tous les 4 subjugués par tant de beauté et de douceur. Un soir, des dauphins sont venus nous rendre visite devant le ciel orangé, c’était canon.
Voilà un aperçu de notre quotidien pendant ces 17 derniers jours! Nous en gardons un souvenir vibrant et enivrant.
Bravo pour ce merveilleux récit qui nous fait rêver !!! Quelle richesse, cette belle aventure !! On en veut encore ?. Bon vent et à bientôt pour la suite du voyage !
Merci Annick, on pense très fort à vous!!
Trop chouette récit qui nous permet de vivre un petit instant si près de vous! Vous avez l’air aussi à l’aise sur un bateau qu’un poisson dans l’eau?
Bibine, ta filleule t’embrasse bien fort!!!
Gros baisers à tous les deux!
Les petits merles
Merci ma Clem, on t’embrasse très fort ainsi que la belle Blanchette!!
Quel récit vivant envoûtant et subjuguant des moments d’action puis de méditation bravo à Simon pour ses talents de pêcheur si les poissons avaient été au courant de cette traversée ils auraient fui au plus vite j’ai beaucoup aimé les photos on a l’impression de partager votre mission merci à tous les deux pour cela je pars au Canada le 22 Mais avant cela nous fêtons Noël demain avec tante Nane les petits merles oncle Eric Christine ma cousine voilà moi aussi je vous raconte notre vie pour vous y associer de tout notre cœur
Merci Bonne Maman pour votre petit mot! On pense très fort à vous et on vous embrasse!
Bravo pour ce récit de traversée! C’est encourageant!
On part lundi de Mindelo et on regrette de ne pas vous avoir à bord… mais vous êtes déjà loin! Nous c’est « lente lente » 🙂 bon peédalage!
Bonne transat les matelots! On vous accompagne par la pensée!