Salam Aleykoum

Nous sommes au Sénégal! Dans un petit village nommé Déni Biram Ndao, près du Lac Rose. 

Cela fait maintenant deux semaines que nous sommes avec l’association Village Pilote. VP s’est attaqué à la problématique des enfants des rues. Des familles envoient leurs enfants dans des Daraa, pour leur faire apprendre le Coran. Malheureusement certains Daraa profitent des enfants et les utilisent pour mendier. Ils ne vont pas à l’école et sont au contact du monde de la rue, de la drogue et de la délinquance. Face à ce constat, VP a été créé pour sortir ces enfants de ce cercle vicieux. Les plus jeunes suivent des cours d’alphabétisation et font des jeux, pendant que leur retour en famille s’organise doucement. Pour les plus grands, des cours d’alphabétisation et de maths sont mis en place ainsi qu’une formation dans un domaine: électricité, menuiserie bois, menuiserie métallique, maçonnerie, maraîchage ou cuisine. 

Au cours de notre première semaine à Village Pilote, nous avons pris part à chacun de ces ateliers pour mieux comprendre le fonctionnement de l’association. Nous avons ainsi pu nous familiariser avec le quotidien des jeunes et apprendre à les connaitre. 

Maintenant, nous avons chacun un rôle plus particulier. Simon s’est penché sur un problème de stockage d’électricité solaire, il est tantôt perché sur le toit à observer les panneaux, tantôt dans le bureau à calculer des choses compliquées pour optimiser le rendement de ces panneaux solaires. Il est heureux de mettre ses connaissances au profit de VP. 
Quant à Ombline, elle est en soutien à Tata Laurette et Charlotte (une stagiaire). Tata Laurette s’occupe de l’alphabétisation des plus jeunes, les fait jouer, et organise des « causeries » quotidiennes: discussion autour d’un thème (l’hygiène corporelle, le respect des règles, les bonnes manières). De bonnes occasions pour les enfants de s’exprimer librement. 

Ombline s’occupe plus particulièrement d’un petit Samba, qui doit avoir une dizaine d’années. Il est tout fraîchement arrivé et ne connait pas l’alphabet. On reprend les bases doucement, en lui apprenant à dessiner et reconnaître les lettres. Ombline est heureuse de le voir s’épanouir à VP de jour en jour. 

Nous sommes à VP avec 3 autres volontaires français, Manon, Charlotte et Robin. VP est une asso laïque, nous en sommes heureux car nous y rencontrons des gens très différents, ce qui est propice à des discussions riches sur tous sujets. 

Nous sommes encadrés par des animateurs de VP. Nous avons été marqués par l’amour qu’ils ont pour leur travail et leur bienveillance constante envers les jeunes. Certains viennent de loin pour travailler ici. 
Nous sommes logés dans le village de Déni Biram Ndao, a côté de VP, dans la famille Saary. C’est une grande famille, chaleureuse et accueillante. Nous sommes vraiment chanceux! Il y a du sable partout car avant la mer venait jusque là. Petit air de vacances quotidien! 

Rouba, Yahara et Astou ont notre âge, et veillent à ce que nous soyons bien chez elles. Elles ont fait essayer à Ombline leurs beaux habits africains! 

Il n’y a pas d’eau courante, alors nous avons appris à porter l’eau sur nos têtes pour l’emporter jusqu’à la maison! Nous apprenons à vivre vraiment simplement. 
Nous avons la chance d’être dans le pays de la Teranga, l’hospitalité, l’accueil. Nous sommes sans cesse interpellés par des gens qui nous proposent de venir prendre l’ataya, thé traditionnel délicieux. Nous sommes aussi appelés par les enfants (si nombreux dans les rues!!!), « toubab! Toubab! » (blanc! Blanc!) qui sont trop heureux de voir des blancs. Nous avons trouvé une réponse imparable: Nitkougnoul! (l’homme noir) ça les fait bien rire!

Les Sénégalais nous amusent par leur optimisme. Tout va toujours bien! Rien n’est grave! Ahamdoulilah (grâce à Dieu)! Tout retard de moins de 7 heures n’est pas inquiétant, le rapport au temps et à l’efficacité étant vraiment différent. D’ailleurs nous n’avons jamais croisé un sénégalais pressé depuis notre arrivée…! Et toute phrase est ponctuée d’un « inchallah » (si Dieu le veut)!! 
 
Dans la même logique, les transports sont vraiment aléatoires. Un trajet de deux kilomètres peut se transformer en véritable aventure! Il y a des carrioles avec ânes ou chevaux, des « clandos » (taxis sans licence, il semblerait que la règle pour etre un clando est d’avoir une voiture vraiment délabrée, pare-brise explosé requis, dans laquelle on fait monter environ 10 personnes pour 5 places), ou encore les bus « rapides » (tout est relatif – il s’arrête tous les 10 mètres) dans lesquels on s’entasse. 

Grâce à ces modes de transport, on a fait de belles rencontres. Les gens nous abordent vraiment facilement. 

Le week-end, nous en profitons pour partir découvrir les alentours. Ainsi nous sommes allés à Dakar avec Pape, un membre de la famille qui nous loge. Il s’est tres gentiment proposé de nous accompagner alors que nous nous renseignions sur comment nous rendre à Dakar. Les gens sont spontanés et si serviables! Nous sommes aussi allés à Keur Moussa, monastère calme et reposant où nous avons découverts la façon africaine de psalmaudier. Ou encore virée au Lac Rose (où nous avons appris à jouer du jembé!) et à la plage avec Babacar, un jeune de VP enthousiaste et motivé. 

Notre vie est désormais rythmée par les petits gestes du quotidien; volontariat à VP la journée, papote sur le pas de la porte avec la famille Saary quand nous rentrons, repas composés de riz, de riz, de riz et de riz, coups de balais pour enlever la plage qui se forme quotidiennement dans notre chambre, lessive avec l’incroyable machine portable que nous avons (merci maman Paire! Économies d’eau, de temps et d’efforts, sous cette chaleur c’est vraiment précieux…!!). Nous sommes allés une fois dans le bar du village voisin, c’était excellent. Après avoir traversé un dédale de rues sombres, nous avons passé plusieurs portes pour nous retrouver dans un bar aussi agréable qu’introuvable! Nous y avons rencontré Ibrahim, qui nous a invité à déjeuner chez lui le lendemain. Les rencontres se font aussi simplement que cela…! 
 
Mardi soir dernier avait lieu une fête importante, le Tamralet (nouvel an musulman). C’était l’occasion de faire un couscous géant (ici, on fait un plat dans lequel mangent 7 personnes). Nous avons passé cette fête avec VP, au rythme des jembés et des danses des jeunes. Nous avons aussi mangé un morceau de papier sur lequel était inscrit une prière, comme le veut la tradition! 

Nous sommes heureux de découvrir le Sénégal et ses richesses. Nous sommes aussi impressionnés par l’association Village Pilote, qui est extrêmement bien pensée (les jeunes en formation cuisine font les repas, les apprentis maçons construisent des bâtiments pour Village Pilote dans lesquels les apprentis en électricité installent le courant, les jeunes de la menuiserie créent les lits des dortoirs…). Tout est réfléchi pour une optimisation maximale. Nous créons des liens avec les jeunes, Samba, Babacar, Omar, Raymond, Alpha Blondi, Cheikh… qui nous impressionnent par leur volonté et leur assiduité au travail. Les jeunes présents ici veulent s’en sortir et leur courage est impressionnant. 
Nous sommes heureux de nos deux semaines passés ici. Nous sommes impatients de découvrir les richesses des rencontres qui nous attendent encore! 
Et bien sûr, nous recherchons activement un bateau qui pourrait nous faire naviguer jusqu’au Brésil. Nous parlons de ce projet autour de nous et sommes surpris de l’enthousiasme de certaines personnes qui se mettent en 4 pour nous aider!